dimanche 21 avril 2013

Sacré bonsoir

Je chemine dans Paris comme le malappris sur le lieu d'un crime. Le vent désordonne le bon ton des silhouettes. Le sang du ciel gicle du cri des voyelles. Les trouées du Louvre sont saturées d'un même bleu.
L'Asie défile dans les couloirs du mausolée. J'ai l'Italie en ligne de mire. A droite des marches, la toile murale de Sandro Botticelli rabroue les malpolis. "Vénus et les trois Grâces" est belle d'être défigurée. Sa vieillesse pastel ensorcèle. La couleur écaillée s'imagine d'un précieux rose maniéré. Je m'assieds dans l'espace libre. Je m'assieds pour voir de moins près et ne rien privilégier.
Féérique Uccello guerrier. Noir de gloire. Dans la longue allée d'Italie, je stoppe devant le tableau de Jacopo Carruci, dit Il Pontormo. C'est le portrait d'un homme frondeur, à regard batailleur. L'artiste ose la virtuosité, clame son métier, sacré bonsoir, flanque sa figure dans les yeux, ne doute un seul instant qu'il sait peindre.

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