vendredi 19 avril 2013

Mémoire et beauté

Jean-Luc Godard affectionnait en sa jeunesse la phrase de Rainer Maria Rilke:"La beauté est le commencement de la terreur supportable".
A moitié éveillé, enlisé dans une bourbe d'images, j'ai stoppé ma dégringolade de zapping impulsif. J'ai hasardé une halte, calé la télévision dans sa fixité de front de taureau.
Je me suis raccroché aux branches d'un pédiatre académique, Aldo Naouri, convive content d'une braillarde table ronde.
A son corps défendant, le médecin ranima la parole du poète, amant de la jolie Baladine, mère de Balthus. Il définissait le souvenir comme le début de la mémoire acceptable.
Dans l'abîme d'une conscience tailladée, les traces de présent sont des brûlures vives. La mémoire fabrique des images destinées à édulcorer l'insoutenable vérité. Les souvenirs sont des leurres visant à apaiser l'intolérable douleur de chair.

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