jeudi 3 juillet 2014

Jeanne assassine

Au feutre, au pinceau, à l'encre de Chine, Nicolas de Staël ne dessine rien de neutre, mais l'écho d'une femme, de Jeanne assassine.
J'ai dérobé le bouquin de l'exposition d'Antibes pour cela: les dessins des collections particulières, les nus et figures d'intense joie.
Je ne bouge plus les yeux à la page du Guitariste. Il est déglingué comme le Christ dégingandé de Cimabue. Le feu des doigts danse sur la diagonale du bois. L'art expédié, entre deux portes, donne du fil à retordre.
J'aime sa beauté vierge. J'aime le dessin parce qu'il ne peint rien, pas même une lèvre. Le dessin n'a que la peau sur les os. Il faut qu'il mange.
Picasso a seize ans quand il exécute le croquis de Lola, dix-huit quand il se regarde sur la toile, s'approprie l'aurore, l'épingle à son oeil noir. Picasso a faim de dessin. J'ai chipé les cartes postales, carrer de Montcada, quartier du Born de Barcelone.

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