mercredi 16 juillet 2014

La sensation éblouissante

Avec de la terre, on bâtit des mystères. Dieu joue avec la poussière. L'homme est fait d'humus, rayonne d'humilité. Le même mot de vocabulaire prospère jusqu'au cimetière.
La première eau d'étang renvoie son image de néant. A se regarder, on ne voit rien. Sauf une sale gueule, une figure untitledNarcisse tombe à la flotte. Giacometti est un apprenti de la tête. Il les ratera toutes, faute de métier, paralysé par la nullité d'une trogne.
A vingt ans, Flaubert sait les carottes cuites. "Quels sont mes rêves ? Aucuns. Mes projets d'avenir ? Point. Ce que je veux être ? Rien".
A vingt cinq ans, il confie à Louise sa conception de la table rase: "Moi je suis une arabesque en marqueterie". Flaubert épate la galerie. Paradoxe de la peau sur les os. La beauté voisine le vide. Le génie côtoie l'idiotie.
Chessex flaire Flaubert en chien de chasse. "Dire, premièrement, ce que je n'éprouve dans aucun autre texte, de littérature ou non: ce sentiment, ou plus exactement la sensation éblouissante et presque insupportable qu'avant le premier mot du texte de Flaubert il n'y a rien" (Flaubert ou le désert en abîme, Grasset, 1991, page 11).

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