dimanche 6 juillet 2014

Le square

Le sable des enfants est encadré de bancs verts écaillés. Le soleil chauffe la peau. Les marmots assaillent le toboggan rose.
L'homme des bureaux s'est calé à l'ombre, face au laid monument des reliques d'un roi. Il plonge ses doigts dans un paquet de petites victuailles.
Il a ôté sa veste d'un geste de fermeté, jeté l'étoffe de sa cravate au bas de sa nuque. Un fil pendouille de l'oreille, comme jadis le bout de coton jauni des vieillards décatis. Il bredouille, mâchouille dans une chemise immaculée.
Les femmes lisent leurs mails au voisinage de leur gamelle. Le réceptacle en plastique est bourré de matériau vitaminique. A l'heure dite, elles rassemblent leurs effets d'un air insatisfait. Aucune joie ne s'exprime dans le petit bois. L'insouciance est la science des gosses.
Les enfants du square courent après les pigeons, un ballon, un avenir bidon. Aucune dénégation ne fronce le visage long des petites bonnes. La négresse se répand sur un banc, l'Asiatique s'active de manière frénétique, l'autochtone songe à l'automne. La ville sauvage, derrière les feuillages, fait un boucan du diable.

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