jeudi 13 novembre 2014

Un balcon en forêt

Charly Gaul domina son sujet. L'ange de la montagne s'échappa dans les cols. De Gaulle cessa de se languir à Colombey. Il allait désorienter les habitudes de gouverner.
J'avais cinq ans. Je plongeais mes coudes dans le sable. Je traçais des routes, inventais des classements d'étape dans un cahier à gros carreaux. Je trichais pour que la bille en terre de Bahamontès devance l'effigie d'Anquetil. Je plantais mes petites figurines de cyclistes dans un ordre réfléchi.
Gracq publia un récit absolu. J'en exhume deux majestueuses séquences. Grange voit l'horizon comme une étrange illumination. Il règle son regard sur une démarche enjouée, la liberté à cloche-pied, la frivolité d'une petite fille isolée, sur la laie des bois de Moriarmé. Le soldat trouve une proie à portée.
Gracq, chemin faisant, dans une nature où l'homme exerce une filature, métamorphose une gamine en femme endeuillée. Mona accepte le duel comme une douceur, consent au rêve comme à une trêve, tend sa joue comme on s'amuse à la balle.
Mona nomme une solitude, un isolat, l'anonymat d'un monde. A hauteur d'elle, le soldat identifie le paysage de son exil. "Je ne déteste pas faire la guerre avec des gens qui ont choisi leur façon de déserter".
L'attente, avec un trou, désigne un attentat. La guerre a perforé les chairs. Le blockhaus est réduit à un tas d'os. Grange se hisse jusqu'à la maison de Mona.
Gourcuff l'a lâché. Il est blessé. Il traîne sa jambe endommagée par le layon qui mène à la maison abandonnée. "Toute une saison" pensait-il. Il se demandait s'il l'avait aimée. C'était moins et mieux: il n'y avait eu de place que pour elle".

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