jeudi 16 juillet 2009

La lune

C'était hier, quarante années derrière. Ma grand-mère vivait ses dernières heures, nous faisait un petit signe de la main. Nous étions désoeuvrés, dans l'insouciance de l'été, face à la Méditerranée. Maman était remontée, par le premier avion, au chevet d'une mourante. Sur la terrasse de la villa, dans la tiédeur du soir, nous observions le ciel. La lune éclairait la mer. Les eaux luisaient d'arrière-pensées. On imaginait Armstrong enjamber le sol lunaire.
Vacances bourgeoises d'un temps de "trente glorieuses". La prospérité des coeurs s'accordait au diagnostic économique de Jean Fourastié. Maman n'était pas là. Aujourd'hui, c'est papa qui s'est absenté. La compagnie de la lune n'a pas comblé notre solitude. La technologie de l'espace a matérialisé le délire des poètes.
A l'époque, le Figaro Littéraire publiait les meilleures copies du Concours Général. Mon voisin de classe, Oriot, s'extasiait à son pupitre: "Il en faut des calculs pour aller sur la lune !". A seize ans, les carottes étaient cuites. Nos regards étaient dressés vers l'infini. Internet, en pareil instant, nous aurait paru d'avance obsolète.

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