jeudi 30 juillet 2009

Problèmes de peau

La combinaison du nageur est interdite de piscine. La cabine de bronzage fait courir un grave péril de santé publique. Le corps de l'homme, qui s'ébat dans l'eau, nécessite une parure appropriée, s'il veut se mesurer au verdict officiel du chronomètre. Cette fameuse deuxième peau de l'homme poisson s'apparente à une burqah des compétitions nautiques. Or elle n'est pas souhaitée. En haut lieu, au sommet de l'Etat, dans les instances dirigeantes, dans les sphères où décident les gros pardessus.
Aux dernières nouvelles, la burqah ne serait portée que par une poignée de femmes musulmanes, moins d'un millier sur le sol national. La combinaison de polyuréthane n'habille qu'une petite caste d'athlètes aquatiques, une aristocratie de champions des couloirs de piscine. En revanche, la cabine, où l'on bronze un corps allongé, attire une large population.
Avoir bonne mine en plein hiver relève du délice transgressif. C'est un avantage comparatif sur le voisin de palier ou le collègue de bureau. Le marché de la brune séduction expose à un éclairage trop brutal. Il surfe sur la vague d'un corps objet qui réclame un luxe d'attentions. Aux dires de la communauté savante, le fétichisme du corps cuivré réveille le démon du mal, le dieu malfaisant du cancer. Le ramdam autour de la burqah d'Afghanistan et le barouf autour de la combinaison nautique masquent un vrai scandale des problèmes de peau. Les entreprises de bronzage effréné créent une situation d'insécurité sanitaire. Il ne faut plus seulement souffrir pour être belle (ou beau) mais résolument risquer sa peau.
C'est pourquoi noircir du papier, rédiger un texte de loi pour mieux réglementer, voire interdire les échoppes de ces marchands de rêve, me semble de salubrité publique. La réflexion, même estivale, mérite une matière plus consistante que l'actuel débat sur les costumes de bain.

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