Reste l'homme. "Le style, c'est l'homme" écrivait Buffon. Sarkozy laisse perplexe car le mot même de "style" lui est parfaitement étranger. Il est brouillon, approximatif. Son personnage est une caricature de dessin animé. Il bouge à plein d'images seconde. Il agite un corps de petite taille, sorte de mécanique qui s'emballe à la moindre contrariété. Ses postures de tribune rappellent les emportements saccadés du comédien Louis de Funès. Il peaufine sa communication mais néglige le style. Tout se passe comme si le style, la parure d'un gestuel ou d'une pensée, était de nature à stopper la frénésie de son activisme. A moins que ce ne soit l'inverse: le style se sauve tout de suite au voisinage de la gesticulation. Sarkozy est utilitariste: comme "La Princesse de Clèves", le style ne sert à rien qui ne soit productif dans l'immédiat. En ce sens, le président privilégie le court terme comme n'importe quel actionnaire d'entreprise financière. Il est sans doute lui-même ambitieux - beaucoup -, vaniteux - un peu -, opportuniste en diable. Il saisit toutes les balles de l'actualité au bond. Il aime avoir le dernier mot, pareil au jeune homme qui cherche à s'affirmer. Avoir le dernier mot, certainement. Mais avoir sa phrase, c'est une autre paire de manches. Avoir sa phrase, c'est posséder une écriture de soi qui se reconnaisse dans le moindre détail, une manière d'être inimitable. Avoir sa phrase, Nicolas Sarkozy semble s'en désintéresser royalement. Il s'en tamponne le coquillard. Sa vision du monde procède d'une démarche de camionneur. Le "rentre dedans" est la philosophie ultime du sarkozysme. Jouer des coudes, être sur la photo à côté d'Obama, s'écrier "casse-toi, pauvre con" sont autant d'illustrations d'une monumentale volonté qui écrase tout sur son passage. A commencer - et c'est dommage - par le grain de beauté du style.
mercredi 15 juillet 2009
Le rejet du style
Nicolas Sarkozy est au four et au moulin, à l'Elysée et à Matignon, en Europe et en France. Il s'exprime sur tous les sujets. Il mobilise l'attention et capte les regards. Il est réactif à l'événement. Il ne s'embarrasse pas d'un corps de doctrine. Il s'est formé à l'école du self-service idéologique: un jour libéral, un autre étatiste, un jour mondialiste, un autre protectionniste. Il pioche sur les comptoirs au gré des circonstances. Son programme de campagne présidentielle a volé en éclats avec la crise. Le capitalisme lui a joué un vilain tour à tel point qu'il a envisagé, sans rire, de le refonder. On attend. La réforme est le coeur de métier de la factory Sarkozy. C'est un produit vendu comme des petits pains à l'opinion publique. Le président lance des chantiers tous azimuts, dans tous les sens, comme un joueur de loto achète une multiplicité de billets. "Pour gagner, il faut jouer", nous rappelle opportunément La Française des Jeux. Jouer à tire-larigot, réformer à tout bout de champ, maximisent les chances de succès. Sur le tas d'initiatives lancées, la statistique prête main-forte. Une ou deux grandes réformes et quelques réformettes d'appoint émergeront fatalement de ce vaste champ de communication un peu tonitruant. La règle du jeu est fixé par le chef de l'Etat: il sera jugé sur ses résultats.
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