mardi 28 février 2012

Beauté fripée

La réalité démasque la menterie, dénude les songes. Un visage vrai, de près, donne l'heure exacte. Il déjoue l'artifice de photographie. Il est minuit sur ses joues brunies.
A la Saint Modeste, j'observe au Fouquet's. J'ai vue sur la vie. Je vois les bandes de convives, les hordes de starlettes qui s'attablent au bruit des fourchettes. Leila Bekhti s'assied dans un froncement d'épaules. On aime sa gaucherie, sa gaminerie sérieuse. Elle se ratatine quand elle dîne. Elle me déçoit, m'émeut comme une beauté fripée. Je sens la limite d'un corps entravé.
Son visage balance d'un côté à l'autre. Prend l'air des conversations. Met le bout du nez dehors, vers le sonore. Peine à poser son attention. Elle est courbée dans son assiette, pouffe d'un petit rire de fillette. Rire de bossue. Elle mange en catimini. Elle mange avec ses doigts.
Leila Bekhti se cache de quelque chose. Elle dissimule une rose, ou peut-être une tuberculose, dans un for intérieur de petite vieille.

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