vendredi 10 février 2012

Nègre, hors lexique

Le mot "nègre" est ressenti comme une insulte. En revanche, le Niger est une nation dont le nom n'offusque personne. Jean Genet intitule sa pièce "Les Nègres". Bernard-Marie Koltès écrit "Combat de nègre et de chiens".
Le mot n'est pas fréquentable pour autant. On lui dénie sa noblesse. Il sent le soufre sans autre forme de procès. La pensée convenable lui préfère "Black", plus moderne ou moins français, pour ne pas avoir à dire "Noir", ce qui nous ramène à "Nègre".
Le parfumeur Jean-Paul Guerlain, condamné pour injure raciale, s'est livré à cet autoportrait : "Je me suis mis à travailler comme un nègre". Il parlait de création. Il causait métier. Il est bien sûr discutable d'invoquer la couleur de peau pour justifier la performance au boulot. L'expression usitée valorise la capacité de travail de l'homme noir. A mes yeux, elle ne serait blâmable que dans un sens contraire, si elle signifiait l'indolence ou la paresse.
Dans la même veine, la langue des dictons désigne le costaud de "fort comme un Turc" ou l'ivrogne de "saoul comme un Polonais". Nul tribunal ne s'en émeut.

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