lundi 8 décembre 2014

Le chemin de ronde

Rue de Castellane, rue de l'Arcade, rue des Mathurins. Je longe le carré des façades anthracite, arpente l'asphalte en fuite. La mort a tailladé le trottoir, scarifié la mémoire. Elle rôde en renard, maraude bande à part.
Sur un banc d'oubli, vert bouteille écaillé, le gros homme est vautré dans l'ivresse, hurle au vent sa détresse. Je frôle un corps qui dégringole. Un cri rauque égratigne la rue comme un genou. Sa panse éclate d'une écarlate violence.
A l'angle asiatique, la table où j'écoutais Django, loin des échos frénétiques. Je mordille mes lentilles. J'achève un chemin de ronde. Je me propulse aux basques du kiosque. Il est grillagé comme un danger.
Richard de dos s'était refusé aux mots. Le kiosquier périssait sous le poids du papier. Il rassemblait ses effets, déguerpissait du quartier. La mort l'a cueilli comme un éphémère pissenlit. J'ai fini le jogging du souvenir. Ma paume solitaire ne serre plus qu'une clé de propriétaire.

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