jeudi 11 décembre 2014

Loti

Loti fait la navette entre Hendaye et Rochefort. Il comble les temps morts. Sur l'étagère, je ne touche pas au livre qui me fait peur, qui m'a souri à la devanture d'une librairie. J'errais à Poitiers. Dans sa chambre bleue, Nadine regarde Loti dans les yeux: "Tu y crois, toi, n'est-ce pas ? Tu y crois bien, que nous nous reverrons ?". A la vitrine de l'échoppe, je suis saisi par la familière évidence, les questionnements de mon enfance. Une écriture manuscrite enrubanne le cartonnage de l'ouvrage. Elle m'éblouit.
Je tiens de ma mère que son père admirait Loti, se pressait à la sortie d'une nouveauté de librairie. C'est un journal de deuil, de fragments sèchement épinglés. Loti note le mystère d'une figure, le secret d'une mourante, exorcise un remords.
Loti trace des lignes sans pathos ni repentir. Les mots peuvent exploser à tout moment. Je les récite en connaissance de dynamite. Loti précise: "L'amour que l'on a pour sa mère, c'est le seul qui soit vraiment pur, vraiment immuable, le seul que n'entache ni égoïsme, ni rien". Au carreau du maître-ouvrier, j'ai sans doute voisiné avec l'éternité.

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