lundi 4 janvier 2010

L'année fraternité

La rotation des livres s'accélère. Les concepts flous aident aux stratégies de repli. Ainsi "le moment fraternité" de Régis Debray est recyclé illico presto en voeux présidentiels de bonne année. Il est vrai que la fraternité est une notion qui ne mange pas de pain. Au premier abord, on la réduirait volontiers à une certaine ferveur communautaire, à connotation religieuse, s'il n'y avait, dans le même temps, la franc-maçonnerie pour revendiquer le mot dans un registre de sourcilleuse laïcité.
Dans un monde où la liberté ne profite guère qu'aux banques et où l'égalité est davantage un signe mathématique qu'une donnée universelle de la condition humaine, la fraternité se retrouvait seule, sur le marché des valeurs républicaines, à pouvoir être exploitée dans un plan de communication. Le chef de l'Etat s'est engouffré dans la brèche. Le ramdam autour de Camus au Panthéon avait préparé le terrain. La fraternité du Rieux de "La Peste" ferait l'affaire d'un président en mal de générosité.

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