mardi 26 janvier 2010

Marion à la télévision

Derrière d'épaisses lunettes, les yeux de Jean-Luc Marion s'embrument. Le philosophe a revêtu l'habit vert, le bleu de travail d'académicien. Il est filmé de biais, assis dans l'amphithéâtre du quai de Conti, au milieu des gardiens de la langue française. Pas d'autre bizutage pour consacrer ce nouveau compagnonnage que le rite du discours d'intronisation.
Jean-Luc Marion écoute maintenant les mots hospitaliers qui lui sont adressés. Son profil bourbonien évoque le héros chabrolien, rappelle les sages convenances d'un notable de province. Jean-Luc Marion ne fait pas son âge. Il émeut par un sursaut de concentration destiné à masquer le trouble. On sent une gêne, un ennui ou une modestie, peut-être même cette mélancolie aux échos lointains qui figure sur les visages photographiés de Roland Barthes.
Ce silence d'homme d'écriture poignarde l'image, fait l'effet d'une trouée de vérité. A celui qui le regarde, il donne le sentiment de prier, de consentir à s'anéantir.

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