lundi 9 mai 2011

Peine Laden

Abbotabad est un bled paumé où le diable s'était terré. Il a été cueilli dans sa tanière pakistanaise. Oussama l'efflanqué a été exécuté. On le lit dans les yeux d'Obama. Ne témoigne que la photo de groupe de la Maison Blanche. Obama est accroupi dans la posture du golfeur svelte jaugeant les chances de sa petite balle. Hillary Clinton est terrifiée par l'image hors-champ. Au milieu, le général se fiche de l'écran. Cette poignée de téléspectateurs, serrés autour d'un Obama excentré, s'abreuve d'images à jamais perdues. C'est une projection privée. Sur invitation. Les peuples du monde sont éconduits du spectacle, interdits de visionnage.
A Washington, le pouvoir équivaut à voir seul. D'où le contre-pouvoir de l'imagination. Pareille censure l'attise à coup sûr. Le silence d'Amérique alimente tous les scénarios. La mémoire zappe les terribles attentats. On invente dans sa tête l'image d'un Ben Laden sans défense, tué de main froide, à bout portant, déchiqueté sous les balles. On partage alors le sentiment camusien d'absurdité. On mesure le déséquilibre de la situation. On ressent l'étrangeté du duel cruel. A cet instant, le grand criminel a rejoint le campement des faibles. Pour un peu, son sacrifice fait de la peine.

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