mardi 17 mai 2011

Saignant

Carpaccio, valpolicella. Mots de passe au restaurant. Les syllabes d'Italie embellissent le menu cartonné. La longue serveuse se déhanche interrogative, révèle une russité à lèvre écarlate, jette un son rauque dans la conversation. "A point ? Saignant ?". La question est posée de manière appliquée. Rigueur de façade car le corps s'expose à vent contraire. La blonde inquisitrice se tient sur un pied, se balance désinvolte, impose une fantaisie rieuse. "Deux carpaccios saignants et une bouteille de celui-là !". La jeune femme note sur la page blanche.
Une heure à rabâcher des bribes d'une littérature intérieure. Le vin aide à la mémoire des mots. Il précise le contour des images. Eau de vie d'après café. La salle est vide. Sonorité de dalles. La silhouette slave est plantée dans la pénombre. Vacuité d'avant l'été.

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