lundi 10 octobre 2011

La frénésie de Sarkozy

"Martine boude". C'est le titre d'une chanson de Bashung. C'est déjà de l'histoire ancienne. Martine esquisse un sourire, concède un ouf de soulagement. Ségolène sanglote comme une madeleine.
Arnaud bombe le torse, se hausse du col, perche sa voix de grand chambellan. La gauche de la gauche aime ses allures de gentleman des beaux quartiers. François ouvre de grands yeux, se tourne à droite, à gauche, fait la toupie - comme Vincent Clerc au rugby samedi -, mais ne marque pas l'essai salvateur. Il rit jaune.
Une odeur de sang imprègne déjà la primaire si policée des socialistes. On sent l'entrée en lice des grands fauves de la présidentielle. Borloo, Hulot, DSK se sont déjà faits manger dans l'arène.
La droite est ringardisée. Le succès populaire du scrutin socialiste touche la légitimité du président sortant.
La frénésie de Sarkozy s'est exercée sans vergogne tout au long d'un quinquennat. La frénésie du chef de l'Etat sera sollicitée durant la campagne. Curieuse frénésie qui accélère l'amnésie, table sur la vitesse et l'oubli. Elle squatte la personnalité du petit homme de l'Elysée.
Elle l'habite, le possède comme un diable.
Ce président stressé, le peuple en a assez. Il le rejette moins par la raison que par le sentiment.
Avec le temps, l'homme pressé a creusé les traits de sa caricature au-delà du supportable. Sarkozy fonce de manière inexorable dans le mur d'un seul mandat sec. Le cercle de ses obligés a été rongé à l'acide de sa brouillonne activité. Certes, sa séduction d'homme dur suffira à le qualifier pour le duel final. En revanche, elle échouera à réunir une majorité sur son nom.
Pour gagner, la droite aurait besoin d'un candidat chimérique, moitié Sarkozy, moitié Bayrou.
A Sarkozy, le forcing du premier tour. A Bayrou, le report maximal des voix au second tour. Car Bayrou ne sera jamais président, faute de savoir résoudre l'équation du premier tour. Sarkozy sera battu pour cause de splendide isolement.
D'où le destin à la Giscard d'un Sarkozy trop juste dans les urnes, trop loin de la crise au quotidien. Bref, "ça va pas le faire", comme on dit dans les conversations de bistrot.
Tassé dans son coin, tel un boxeur groggy, Sarkozy engrange son énergie, mûrit sa revanche au contact des puissants. La frénésie de Sarkozy est à nouveau dopée par une farouche envie de remonter sur le ring, de revivre la griserie des sauvages pugilats de campagne.

Aucun commentaire: