dimanche 19 mars 2017

La grand-messe des biceps

Ils s’agenouillent, enracinent leurs souliers dans la terre, s’empoignent comme des collégiens de réfectoire, rabâchent une même poussée d’histoire. Leur génuflexion est une piété, une dévotion, une prière au dieu bagarreur. La mêlée galloise s’arcboute, gonfle un dos de chat sournois, quand on lui cherche noise. La pression française fend le paquet d’hommes qui se désosse sur la pelouse.
Tonne contre tonne, la bastonnade de stade bégaie comme un disque rayé, un replay enrayé. L’en-but est une convoitise de force nue. Les Hercule de Galles reculent.
Dans les ultimes minutes, par neuf fois, la muette forteresse se fracasse et s’émiette. Bis repetita placent. Ils se plaisent à plaquer. Le temps s’est arrêté. On baigne dans une éternité sans en-avant. Le match se rue comme un fleuve en crue. Barnes est borgne. L’arbitre est sourd. L’essai de pénalité serait une facilité de sifflet. Il laisse les révoltés de Cardiff à leur destin de Sisyphe.
Les mêlées sont des grands-messes de biceps tatoués. On s’arrache l’hostie à la sortie. Soudain, le limougeaud Chouly dénoue l’imbroglio, inscrit les points qu’il faut sur les i du rugby. Chef de nef, le petit Dupont a pris du galon.

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