Il descend les
marches de son palais, lentement, comme un condamné obéit à l’injonction de ses
geôliers. Il est droit, grave et digne. L’arrogance qu’on lui attribue n’est
qu’une forme d’excellence. Il n’est pas dans sa nature de jouer la doublure. Il
n’a pas l’échine courbée d’un plan B. Il ne brigue pas la médaille de bronze.
Il est agacé d’avoir à le préciser.
Il ne jettera pas
une bouée, ni même un regard, au candidat naufragé. Il siège dans le fauteuil
de Montaigne. Il maîtrise une colère en son for intérieur. Il renvoie l’obstiné
et futur tricard à son « boulevard ».
C’est la dernière
fois que Juppé descend de son cheval, sacré bonsoir ! Il dégaine l’épée,
un dernier texte ciselé, fait valoir de beaux restes. Mais « une bonne
fois pour toutes », il n’a pas le goût de la défaite. Il en recrache le
noyau dur du Trocadéro. A vrai dire, il
ressent « cette forme durable de la fatigue qu’on appelle le mépris »
(Roger Nimier, in Histoire d’un amour).
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