mardi 7 mars 2017

La médaille de bronze

Il descend les marches de son palais, lentement, comme un condamné obéit à l’injonction de ses geôliers. Il est droit, grave et digne. L’arrogance qu’on lui attribue n’est qu’une forme d’excellence. Il n’est pas dans sa nature de jouer la doublure. Il n’a pas l’échine courbée d’un plan B. Il ne brigue pas la médaille de bronze. Il est agacé d’avoir à le préciser.
Il ne jettera pas une bouée, ni même un regard, au candidat naufragé. Il siège dans le fauteuil de Montaigne. Il maîtrise une colère en son for intérieur. Il renvoie l’obstiné et futur tricard à son « boulevard ».
C’est la dernière fois que Juppé descend de son cheval, sacré bonsoir ! Il dégaine l’épée, un dernier texte ciselé, fait valoir de beaux restes. Mais « une bonne fois pour toutes », il n’a pas le goût de la défaite. Il en recrache le noyau dur du Trocadéro. A vrai dire, il ressent « cette forme durable de la fatigue qu’on appelle le mépris » (Roger Nimier, in Histoire d’un amour).

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