mercredi 1 mars 2017

La figure de la terre

J’étudie la pédologie. Je considère le sol, je gratte pour voir derrière, la figure de la terre. Je m’intéresse à l’humus comme à un numéro de rue : j’y finirai mes jours. J’y songe comme Woody Allen s’inquiète de l’avenir : « C’est là que je compte terminer ma vie ». J’y suis venu par l’arbre dont les racines nourricières sont comme l’envers d’une tapisserie forestière. Ce sol d’espoir est notre matière noire.
On cache nos sales gueules dans la terre. Le premier acte de culture sur sol d’agriculture est une pierre de sépulture. On jette l’homme mort comme un corps. La végétation masque une vieille agitation. De dessous la terre, l’homme ne sait rien faire. Il se décompose, se mêle à la matière végétale. De dessous la terre, l’arbre construit sa fixité millénaire. Il trône là où l’homme traîne. Il est sculpté dans de la grume d’éternité. L’humus est un terminus, une destination d’extrême humilité. C’est le bivouac exact des hommes, par définition.

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