J’étudie la
pédologie. Je considère le sol, je gratte pour voir derrière, la figure de la
terre. Je m’intéresse à l’humus comme à un numéro de rue : j’y finirai mes
jours. J’y songe comme Woody Allen s’inquiète de l’avenir : « C’est là
que je compte terminer ma vie ». J’y suis venu par l’arbre dont les
racines nourricières sont comme l’envers d’une tapisserie forestière. Ce sol
d’espoir est notre matière noire.
On cache nos sales
gueules dans la terre. Le premier acte de culture sur sol d’agriculture est une
pierre de sépulture. On jette l’homme mort comme un corps. La végétation masque
une vieille agitation. De dessous la terre, l’homme ne sait rien faire. Il se
décompose, se mêle à la matière végétale. De dessous la terre, l’arbre construit
sa fixité millénaire. Il trône là où l’homme traîne. Il est sculpté dans de la
grume d’éternité. L’humus est un
terminus, une destination d’extrême humilité. C’est le bivouac exact des
hommes, par définition.
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