Pénélope
est discrète au point de fuir les témoins, de travailler en cachette, de
camoufler un job. Elle exécute une tâche, à gestes comptés, à la manière d’une
chanteuse triste qui susurre un texte minimaliste, sans tonalité brusquée, avec
un peu d’ennui, sans doute une lassitude. On songe à Françoise Hardy.
Pénélope
guette à son corps défendant, expose un masque sévère, une rigueur d’Angleterre.
Elle est figée, presque apeurée,
comme un gibier débusqué par des phares de braconniers.
Pénélope
est d’une nature taiseuse. Elle tisse, n’en déplaise à la Justice. Elle se
conforme en pratique au modèle homérique. Sa tapisserie est une œuvre infinie,
le travail de ses nuits, le fruit de patientes décennies.
Le
secret est une denrée surannée, d’un usage suspect, à l’heure des vulgaires
déballages. Pénélope est cloîtrée dans un for intérieur. « Dans mon pays,
on ne questionne pas un homme ému ». La Galloise de l’histoire n’est pas
d’humeur gauloise. Elle lit René Char. Il est tard et ses yeux sont rougis.
Les
détenteurs de secrets sont des conservateurs. Parce qu’un secret, on le garde.
Par définition. Un secret ébruité, c’est comme un vin éventé, c’est une faute, un
péché, un manquement au devoir d’assermentée.
Les
hommes de loi tourmentent une femme de foi. Les aveux d’interrogatoire sont des
crachats extorqués. Allez donc savoir ce qu’elle fait de ses heures, Pénélope, dans
son manoir paumé !
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