mercredi 10 décembre 2008

Une santé sans péché

L'interdiction de fumer dans les estaminets, bars et salles de café, suscite des vocations de sheriffs, de justiciers roquets, de redresseurs de torts au triomphe trop sonore. Cette mesure punitive invite à la délation ordinaire, à la bonne action citoyenne. Au fond, tout se passe comme si la chimère du "tabagisme passif" était assez bonne fille pour doter les grands prescripteurs d'hygiène morale d'un argument en or massif. C'est une fable cousue de fil blanc. Car l'enjeu ultime de pareil matraquage liberticide est de recruter des petits caporaux anti-Marlboro, bardés de vérités d'almanach, d'enrôler des censeurs au grand coeur, drogués d'ordre moral, de fabriquer de sobres menteurs, apôtres d'une santé sans péché. La pudibonderie sanitaire dégage un arrière-goût de moisi. L'actuel nettoyage éthique se débarrasse des derniers restes d'humanité.

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