samedi 7 décembre 2013

Justin, c'est Flaubert

Je suis triste car j'ai fini Madame Bovary. Je suis sonné par la vitalité d'Emma, sa vaillance sur le ring. Elle est dévorée d'un somptueux désir. La dame d'Yonville, à sang de paysanne, se jette à l'extrême bout du péril.
Une infime localité, médiocrement bourgeoise, enfante une femme brûlée, ficelée aux barbelés des ciels ardoise. Je ne distinguerai pas la Normande infidèle de Flaubert de la sublime Italienne, l'épouse trahie de La Peau Douce, le film de Truffaut.
Des deux rives de l'adultère, la femme se conduit en féroce guerrière. Elle ne fait pas de quartier. Elle n'endosse pas à moitié la véhémente querelle du sentiment.
Emma, c'est Flaubert. Tous les autres mentent, faute de grandiose attente. "Le plus médiocre libertin a rêvé des sultanes; chaque notaire porte en soi les débris d'un poète" (Madame Bovary, collection Pocket, page 401).
Non. Justin, c'est Flaubert. Justin, le petit commis du pharmacien, l'indicateur de destin. Justin, c'est Gustave à la plage, dans ce trou de bord de mer, sacrifiant l'ennui à la tyrannie du rien, à l'épiphanie du charme vénérien. Là, il voit Za. Apprivoise Elisa.
"Sur la fosse, entre les sapins, un enfant pleurait agenouillé" (page 466). Les sanglots de Justin tracent le nom de Flaubert au bas des couleurs du tableau, authentifient le signataire de l'ouvrage.


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