lundi 16 décembre 2013

O'Toole

Peter O'Toole était sans doute fêlé comme un Irlandais, rythmé par la houle et l'alcool. Il partage avec Helmut Berger, prince d'Autriche, une persistante ambiguïté de l'extrême beauté.
La gueule d'O'Toole est pâle, hésite entre animal et minéral. L'homme aux yeux mauves collectionne les folies neuves. La paralysie du regard précède la brusquerie d'un traquenard. L'acteur se plaît à la ruade.
A l'Old Vic, conservatoire de brique, il pratique l'art cabochard des rois de l'histoire. J'ai frôlé son haleine rouge de petit matin londonien. J'avais l'âge de la rage.
C'était un film d'après-midi de pluie au casino d'une ville d'eaux. O'Toole endosse l'habit nazi du général Tanz. Il étrangle les prostituées d'une griffe millimétrée. Kessel coudoie les voyous, caresse les voyelles dans le sens du flou. Kessel est scénariste, ordonne les mots de "La nuit des généraux". O'Toole émeut la foule. Le maniaque du film de Litvak terrorise les habitués du ressac.

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