mercredi 18 décembre 2013

Le goitreux des Alpes

Flaubert est impatient d'en découdre. Il a écrit Salammbô. Il repart de zéro. Il a des clous sur le cou. Il est vérolé, lit Renan et Michelet. C'est l'heure fatidique du roman parisien. Il est dans ses petits souliers. Dans quinze ans, il sera mort. La Chantepie sombre dans une religiosité impie, s'intoxique à la Bovary.
Flaubert confie ses peurs à la petite fille de sa jeune soeur. Flaubert échange quelques mots avec Caro, Carolo, Caroline, adresse à Liline ses plus belles lignes. Flaubert lui use les joues.
Il a besoin d'un peu d'entrain. Il a sur les bras un troisième quinquennat de forçat. L'Education Sentimentale fera mal. Comme un abcès, il le sait.
Flaubert bande ses yeux. Il a peur du labeur. Nul truc n'apaise le trac. Il ne ment pas comme un premier communiant. Il ignore se souvenir du geste d'écrire.
"Je me suis remis à travailler. Mais ça ne va pas du tout ! J'ai peur de n'avoir plus aucun talent et d'être devenu un pur crétin, un goitreux des Alpes" (Lettre à sa nièce Caroline, jeudi 14 avril 1864, Correspondance, Tome III, Bibliothèque de La Pléiade, page 388).

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