Nicolas de Staël a cent ans. Sa
peinture est une morsure qui dure. Il est mort, s’est débarrassé de son corps,
l’a jeté par-dessus bord, un jour à Antibes, vue sur le port. Six décennies
sans dessiner.
C’est un centenaire qui se terre, sans esbroufe, un cri dans le
désert qu’on étouffe. Staël est seul avec la merveille. Il s’est brûlé la
cervelle avec des ciels rouges. Il s’est cassé la figure dans la peinture, en
pleine nature.
« J’ai besoin de
cette fille pour m’abîmer ». Les lettres de Staël ont une violence
d’origine, le sens et le son d’une détonation, la sauvagerie vitale d’une
poésie.
Staël n’est pas fêté. L’Etat fait l’impasse. Il se rapetisse. Il a peur des météores.
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