mercredi 9 octobre 2013

Fabius et Juppé

On les croyait rangés des voitures. Ils étaient nés coiffés pour une grande destinée. La calvitie les préservait de l'impéritie. Une arrogance un peu voyante contraria leurs espérances.
Ils étaient les mieux instruits du pays, étudièrent rue d'Ulm et rue des Saints-Pères. Juppé caracole en tête des indices de popularité. Fabius se plaît à l'excès au Quai d'Orsay, se rappelle au bon souvenir de l'avenir.
Ils seront septuagénaires au prochain scrutin élyséen. Ils ont déjà assez raté leur tour. Ils savent, depuis l'école, que l'intelligence isole. Ils souffrent de leur supériorité. Ils se désolent de la médiocrité et du manque de métier.
Juppé s'est sacrifié pour Chirac, président opaque. Favori de Mitterrand, Fabius fut précocement détesté de ses amis. Ils exercèrent l'actuelle fonction d'Ayrault avec un autre brio. Ils appartiennent à un temps où la quête d'un grand mandat national exigeait le drapé d'un style.
Sarkozy a liquidé ce genre de parure, s'est débarrassé de la manière. Hollande n'est pas un président de paille mais un gouvernant passe-muraille.
Fabius et Juppé serait au rebut dans le privé, trop vieux pour les marchés. En politique, la figure d'autorité obéit à des modes cycliques. J'imagine Fabius et Juppé, vieux percherons de l'élection, rehausser le blason de la nation, réhabiliter le bien parler oratoire, s'affronter sur un projet de civilisation. Je rêve à l'envers de l'histoire.

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