jeudi 3 octobre 2013

Sur papier muet

Je hume le parfum des droits couloirs de la rue d'Ulm. Une salle au sous-sol. Femmes à cheveux bleus. L'une s'assied dans un fauteuil rouge désir, lit à voix haute un texte de plaisir. L'autre debout est cantonnée au commentaire.
Parterre bigarré de jeunes filles élastiques, de minces garçons lunatiques. Catherine Hiégel remue sa vieille chevelure de lionne. La comédienne use d'une moue d'ivrognesse. Elle bouscule la règle du chuchotement épistolaire. C'est une conversation sur papier muet.
On est charmé par le délié d'une langue. Madame de Sévigné fait sienne une gaieté mozartienne, une liberté aérienne. Elle enjolive le silence de rubans d'insolence. La grâce est un masque sur ses yeux baignés de larmes. "Ma douleur serait bien médiocre si je pouvais vous la dépeindre". Je pense à Gracq, au mot de Breton: "Je veux qu'on se taise quand on cesse de ressentir".

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