vendredi 4 octobre 2013

Grand Palais

Staël aurait cent ans. Braque est mort il y a cinquante ans. "Braque le patron" - le mot est de Paulhan -  est de retour à la maison. Ses toiles ornent le Grand Palais.
A première vue, la peinture de Braque est faite de bric et de broc. A ses obsèques, Malraux touche juste: "Dans son atelier, qui n'avait pas connu d'autre passion que la peinture, la gloire était entrée à l'écart, sans déranger une couleur, une ligne, ni même un meuble".
Le thème de l'atelier est le journal intime de Braque, un carnet de croquis de haut artisanat, sa mémoire vive d'artiste.
Sans le sou. Jeannine Guillou s'est sacrifiée. Les privations de la guerre ont eu raison de sa santé précaire. Dans une lettre admirable à sa mère, Nicolas de Staël évoque l'enterrement de Jeannine Guillou, épouse et peintre. "Le 4 mars après l'avoir habillée de tout ce qu'elle aimait porter nous avons fermé le cercueil, son fils et moi, devant la petite Anne et le plus grand des peintres vivants de ce monde".
Braque a soixante-trois ans. Il ôte sa casquette, se décoiffe devant le corps. On pense au fulgurant tableau de Courbet "La toilette de la morte", égaré quelque part en Amérique, admiré de Staël et de Braque. On s'embrouille entre la vie et la peinture.
Il neige au cimetière de Montrouge. Une rangée de nez rouges se penche sur le trou. Georges Braque et Nicolas de Staël ne font qu'un.

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