mardi 1 octobre 2013

Dimanche et lundi

Le travail fait tache sur la beauté du monde. La fable d'un Dieu travailleur, qui donne un coup de collier six jours d'affilée, avant de s'asseoir sur le bas-côté, est une invention productiviste, la confection sommaire d'un moteur de l'histoire.
Dieu se distrait avec de la pâte à modeler. Il joue dans son coin. On ne l'entend pas. Il bricole sa Genèse avec paresse, sans doute un peu d'ivresse. Il n'en finit pas de parfaire son ouvrage. Sa création d'enfant dure depuis cent sept ans. On ne réussit pas une étoile avec du travail. D'une côte d'Adam, Dieu fait une jeune fille un peu espiègle. Il se divertit avec des bouts de ficelle.
Dieu est sérieux. Davantage qu'un pape. Dieu s'interdit le travail. Merveille oblige. Le travail est une taquinerie du diable. Le travailleur est un forcené de la peur, un possédé du démon, l'otage de patrons menteurs.
Dieu sait que le travail enlaidit nos lundis. Or le diable nous l'impose jusqu'au samedi. L'économie nous fourvoie dans sa loi de mesquinerie. Le travail égare les regards. Dimanche et lundi, il convient d'interdire le travail comme on se prive d'en parler à la table de gens bien élevés.


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