dimanche 13 octobre 2013

La volupté

Nanterre-La Folie. L'université a fleuri dans les taudis. Baudrillard professe, enseigne Bataille aux marmousets d'Auteuil. Nanterre la Chinoise répugne à la veulerie bourgeoise.
Baudrillard bavarde, cause aux oreilles louis-philippardes. La petite salle dans les nuages est assaillie d'une jeunesse à chair pâle. On boit des cafés au pied des escaliers. S'écaillent aux murs les graffitis des mômes, les fresques décaties de frasques démenties. Les révoltés se sont rangés dans les tiroirs d'une société.
La sociologie réunit les plus jolies filles du pays. Baudrillard est une sorte de prélat goguenard. L'embonpoint trahit le désenchantement. Baudrillard ironise sur la marchandise. Le sexe est une convoitise qui bariole à l'envi les journées presque grises. Baudrillard jette un regard de nostalgie sur le feu des envies. Il hésite. Le mot qu'il a en tête est obsolète. Volupté. Syllabes clandestines à faire rougir un traître.
Il remue le mot comme un cadavre théorique, s'encanaille sur sa dépouille. La volupté pratique une trouée dans l'université des enragés. Baudrillard enfourche sa vieille Alfa, nous laisse sans joie. On se débrouillera.
Marx et Mao regardent le mot dans un silence de mort. En pleine saison de conte de fée, la volupté fait sensation, salle Raymond Aron. Je lâche l'époque et ses paltoquets pour Flaubert et son perroquet.

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