samedi 3 mai 2014

Elisa Schlesinger

J'approche du rivage. Je fais la planche. Je ralentis la cadence. J'ai peur de toucher le plot du dernier mot. Si d'aventure la possibilité m'en était donnée, je rebrousserais chemin volontiers.
Je dérive à une poignée de pages de l'accostage. J'ai parcouru cinq tomes de Pléiade sans jamais violenter la majesté d'une allure gourmande.
J'ai lu l'oeuvre complète en parallèle des miraculeuses lettres. J'ai situé ma connaissance dans l'ordre des naissances. La beauté Flaubert m'est révélée dans sa nécessaire continuité.
Des sublimes écrits de jeunesse à l'ultime bouquin sur la bêtise. Je reviendrai sur Novembre et Mémoires d'un fou. A cause d'un souvenir tabou. Par amour d'Elisa Schlesinger.
Ses manuscrits sont des cadavres, au style planté dans le mille, des proies maculées de traces de doigts. Madame Bovary, Salammbô, L'Education Sentimentale, La Légende de Saint Antoine, Un Coeur Simple, Saint Julien l'Hospitalier, Hérodias, Bouvard et Pécuchet. Marmaille d'un même sang.
Flaubert guerroie contre le bourgeois. Se lasse de sa lancinante bassesse. Il souffre, il souffle. Appareille dare-dare pour les fureurs de l'Antiquité barbare. Flaubert alterne roman de son temps et peplum de dépaysement. Question d'hygiène.
Ce drôle de zèbre écrit dans le marbre. La phrase de Flaubert diffracte une beauté d'apparat qui n'a pas bougé d'un iota.






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