mercredi 7 mai 2014

L'InContinent

Le Vieux Continent se mue en vieil incontinent. Il ne peut se retenir d'élargir son empire élastique. L'Europe dégringole sur un modèle d'auberge espagnole.
L'Europe est née des horreurs d'un Führer et de la terreur d'un rêve partageur. On se rabiboche avec le Boche. On enterre la hache de guerre, on ouvre les frontières.
Plus jamais la saignée des tranchées. Plus jamais la fureur d'un Kaiser. Sur la table rase de la dernière grande ratonnade mondiale, les esprits déliés inventèrent une fraternité des nationalités. Ne plus faire qu'un en territoire européen. S'interdire la guerre par ambition d'être prospère.
Primat de la Ceca. On resta dans la mentalité canon à vouloir construire l'amitié par l'acier. Nous autres grognards, vieux du Continent, désarmèrent nos arrière-pensées de livres d'histoire. Même si paisiblement, sous pavillon Otan, nous bombardâmes Belgrade, il y a quinze ans.
On ne se querellera pas pour une frontière ou un bornage de terre. On guerroie pour des marchés. Nous heurtons nos nations pour des picaillons. Nous sommes ennemis par l'économie.
Nos nations exercent une guerre de positions sur le champ de bataille d'une mondialisation. L'ego prévaut en zone euro. L'économisme dérive en nationalisme. On ne mitraille plus la bleusaille. Les travailleurs licenciés se substituent aux gueules cassées. Ils tombent sous les balles de la concurrence.
La compétitivité allemande détruit nos emplois comme hier la grosse Bertha nos plus fiers soldats.
L'Amérique et le Qatar s'octroient nos patrimoines ringards. On taxe l'audace. La jeunesse fuit vers l'Asie ou la Californie. L'Europe coince, fait province. Hollande, notre débonnaire pépère, cache un déficit visionnaire derrière ses pactes de petit chef de bande.
La vieille Europe fait son âge, s'agrège par manque de courage. Pas de capitaine, pas de cap pour l'incontinente Europe, faubourg d'Amérique et périphérie de l'Asie. La crise ukrainienne révèle l'impéritie européenne. L'Europe barbote dans une mer morte comme un canard sans tête qui bat des ailes de manière mécanique.
De Gaulle privilégiait un vigilant pragmatisme au détriment du bêlant européisme. A Londres, il parlait d'avenir, d'hier et d'aujourd'hui: "La France n'a pas d'amis, elle n'a que des intérêts".


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