mardi 25 juin 2013

La première nécessité

"A long terme, on sera tous mort". Inutile d'en référer au trait d'esprit de Keynes. A court terme, on est déjà mort. La bataille des "quarters" règne sur la terre, dans un monde de chamaille économique. Le trimestre financier est l'horizon indépassable des apprentis sorciers, des chefs de chantier malades de la rivalité. Aucun Eden n'est à portée de la petite semaine.
Or l'aventure ne vaut qu'à condition de se projeter dans le futur. Loin dans les nuages. La rêverie motive l'ambition de nouvelle industrie. Nos sociétés dispersées se contentent de gestes enfiévrés. On ne bâtit de grand projet que dans la gratuité de la pensée. On ne trouve quelque chose que parce qu'on ne cherche pas le pot aux roses.
La recherche fondamentale est le sanctuaire inviolable du devenir de la terre. Il convient de préserver la presqu'île du savoir. Il faut défendre l'esprit d'enfance de la science.
J'ai toujours été frappé par une photographie de Charles de Gaulle, les yeux dans le vide, derrière son bureau de pontife. L'autoroute de raison droite sait bêtement son but. Mais la simplicité du sentier laisse la réalité à sa complexité de nouveau-né. Car il s'agit de nature, de connaissance de la naissance.
Se hisser en haut d'un belvédère. Voir loin. Jusqu'aux confins de la terre. Embrasser les Finistère. Sans quoi, on s'expose à la démoniaque prise de tête du quarter. On se fourre le doigt dans l'oeil. On ne gère en notaire que les vieilles innovations d'hier. Réhabiliter le futur, telle est la première nécessité de notre culture.

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