samedi 1 juin 2013

Le petit Alain

Je me souviens de ses funérailles, d'un prélat qui parla de Bach, des poignées de mains par saccades, de la couleur d'un vitrail.
L'oncle rongeait ses ongles. Avant de mourir, il remua ses lèvres sur sa captivité. Il jeta le silence comme un drap sur le blabla, une main suffoquée sur l'aboiement des roquets.
Il fixa ses démons dans une nuit peuplée des mêmes sons. Je songeais à son visage téméraire. C'était le sosie, corps et regards, de Charles Denner. A Trouville, nous formions un duo de balles, faisions contrat de génération, glissions sur la terre rouge du bord de plage. Les gamines à bonne mine rêvaient des speakerines. Les yeux des solitaires s'attardaient sur Jacqueline Joubert. Les pêcheurs à parler cru bridgeaient dru, déconnaient avec sa mère, la Baronne.
Le petit Alain dansait seul. Avec ses tourments de chiennerie. De la grande baie du Monoprix, je l'observais distribuer ses cajoleries. Il secourait les délaissés des pavés, passage d'un drôle de Havre.
L'homélie du gai curé m'instruisit de sa dernière volonté. Il pressait la main d'un ami, d'une musique de compagnie. Il est mort dans les bras du divin musicien.

Aucun commentaire: