mercredi 5 juin 2013

Maléficiée

Montaigne, dans sa langue, est quasi illisible. J'ai refermé le bouquin d'une main robuste comme on poignarde un rêve. J'entasse des Pléiade qu'aujourd'hui je laisse en rade. Je lirai Les Essais dans un patois rénové.
La virée orientale de Flaubert s'éternise dans des lettres inégales. J'ai besoin d'espacer leur lecture, de me divertir au petit bonheur. Ici et là, j'ai grignoté des mots de Gracq comme des cerises sur l'arbre. Je dévore un vieil entretien sur Jules Verne. En bon élève, j'ai griffonné deux adjectifs sur un bout de papier: "maléficiée", "entretoisé".
Le magique géographe définit les Balkans comme "une région maléficiée". La malice n'est jamais loin du maléfice. Gracq cite ainsi Giraudoux à l'enterrement de je ne sais plus qui: "Allons nous-en, il n'est pas venu".

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