mardi 5 novembre 2013

Cioran mon tablier

La cérémonie des prix est morte d'une balle perdue. Victime collatérale de l'idéologie post-Général. Méfait de Mai. L'école jeta le discrédit sur la fête annuelle du mérite, voila sa honte des compétitions studieuses.
Mon père riait qu'on réservât l'exclusivité des croix d'honneur aux vieillards grabataires. Les grandes personnes raffolent des petits honneurs. Elles s'échangent les médailles comme l'hostie pailletée d'une gloire. Les enfants à la maison sont interdits de décoration. Ils ont mieux à faire avec leurs leçons que de jouer avec des bouts de ficelle.
Les prix littéraires ont gardé leur régularité saisonnière. Ils s'organisent autour d'une bouffonnerie: un frichti tonitruant, le raout chez Drouant. Les jurés de prix manquent de précocité dans le regard. La reconnaissance tardive entache le geste d'un élan insultant. Un Renaudot, de seconde zone, s'est prononcé pour Matzneff, l'autochtone. Il y a trente ans, au même âge, Cioran déclina le prix Morand.


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