mardi 26 novembre 2013

Sa figure de mauvais acteur

J'ai laissé Emma Bovary à son enfermement normand. Flaubert revient de suite. Il est momentanément dans l'escalier. Il a fini Carthage, le travail d'un quinquennat, tissé page après page. C'est un péplum crépusculaire qui satisfait son goût de l'Antiquité romaine. Il pressent le ratage. Salammbô a l'âge des Misérables d'Hugo.
Je saute un siècle. D'autres courriéristes sont en piste. Les lettres de Chardonne et Morand ressuscitent la vie d'artiste. C'est un gros pavé Gallimard qui pèse son pesant d'oxymores. Leur légèreté de feuilles volantes est d'un agrément précieux, sorte de politesse du soleil, à l'heure des adieux.
Déon annonce la couleur, abat d'emblée la carte Chardonne. Car le délicat esthète de La Frette remonte le moral, dilate l'orgueil du scribouilleur confidentiel: "Un écrivain aura du prestige s'il n'est pas lu, si on ne trouve ses livres nulle part, si on ne voit pas sa figure de mauvais acteur. C'est dans la nuit que l'on atteint à une notoriété respectée".
Je suis assailli de bonnes choses. Je suis rassasié de jolis mots. J'aime ce qu'écrit Pierre-Marc de Biasi, fin lettré de l'université. Ce flaubertien de métier préface un bel ouvrage érudit sur Pierre Michon, l'ouvrier diamantaire d'une même extase littéraire.

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