mardi 12 novembre 2013

Voir beaucoup de ciel

Ce diable d'automne tarde à révéler sa vergogne. La nature voile ses joues rouges. L'avenir se cache pour mourir. Une loi gouverne l'écorce des doigts. Les feuilles luisent d'un sang vermeil.
Gustave se glisse dans le lit d'Eulalie. Il n'a pas vingt ans, mais envie d'embrasement. Flaubert a fui la Normandie. Il tente une escapade, se dérobe aux ciels gris. Le Midi l'éblouit. Hôtel Richelieu, rue de la Darse à Marseille. Il songe au "pays du soleil". Il cogne à la porte des dames Foucaud, échange quelques mots.
Eulalie fixe le souvenir d'Elisa. S'appellent pareil. La baigneuse de Trouville, Elisa Foucault, Schlesinger par raccroc. Gustave est la proie de maîtresses entêtantes. On sait des Goncourt que Flaubert confie sa chair à la belle marseillaise. Eulalie a deux fois dix-huit ans, de quoi ranimer l'enchantement d'un roman. A vingt-cinq, trente et quarante ans, Flaubert revient sur les lieux, toise les murs de l'hôtel Richelieu. Les deux foucades de Gustave sont inflammables à la première syllabe.
Flaubert s'instruit comme Godard. Il n'apprend que des éléments. A la Chantepie qui gémit de mélancolie, il écrit: "Votre médecin a raison, il faut voyager, voir beaucoup de ciel et beaucoup de mer" (Pléiade, La Correspondance, tome II, lettre du 30 mars 1857).

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