mercredi 13 novembre 2013

Le casseur de Sempé

Les grognons du terroir breton cassent des portiques, défoncent le palais du préfet, saccagent des radars.  Détruire est une langue régionale. La force convainc mieux que d'oiseux discours. L'acte troue la réalité quand la parole n'est que chantonnée sans autre effet.
Je me souviens d'un fou rire, d'un dessin du grand Sempé. Dîner bourgeois. Les convives bruissent de conversations futiles.
En bout de table, l'un d'entre eux veut parler pour de vrai, s'attaque au vacarme. Il peine à se faire entendre. Il perd patience. Il s'enroue. Il saisit son couteau d'argenterie, le cogne au verre de fine cristallerie. Le joli calice se fend en mille morceaux. Silence de mort.
Les notables se sont tus et regardent la rue. Les yeux du gouvernement se braquent sur le délinquant, considèrent le casseur comme un misérable intrus.

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