vendredi 22 novembre 2013

Gracquien, livre deuxième

Je sens bien que je vais être dérangé. Flaubert fera tapisserie. Je me délecte à l'avance de leurs textes, des lettres décachetées entre Paul Morand et Jacques Chardonne. Vitesse de l'un, justesse de l'autre.
Les deux vieilles badernes éclairent ma lanterne. La verve épistolière date du temps des chaumières. Elle n'a pas survécu à la paresse d'essaimesse, à l'écriture de rue. J'ai la nostalgie du bien écrit.
Le visage de Charles Juliet, je l'ai guetté toute la journée au coin de l'écran carré. Juliet l'émacié est une terre labourée, une mince torche vive, une voix empêchée, à peu près muette. Sa longue patience casse la preste ambiance.
Je compulse l'un des tomes du Journal de Charles Juliet. "Avant d'avoir vingt-trois ans, je n'ai guère lu que quatre ou cinq livres. Le second que le hasard m'ait mis entre les mains a été Un Beau Ténébreux...Pendant des jours et des jours, je n'ai cessé de le relire...".
A distance d'âge, j'ai partagé cette émotion de feu, cette brûlure de l'imagination. Je suis gracquien, livre deuxième.


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