vendredi 15 novembre 2013

Il était une forêt

Francis Hallé est le botaniste d'un monde de verticalité, l'ardent croisé des canopées. La forêt tropicale est une énigme langagière, un palimpseste végétal entre ciel et terre. Je sors du cinéma. Je ressens l'ivresse des cimes. L'homme premier est d'habitat forestier.
Le déchiffreur des vies arboricoles filme le récit collectif de seigneurs millénaires. Il jette mille informations, dévoile les secrets d'une société, révèle l'organisation des hauts végétaux.
Nos mots percent mal le mystère d'une langue d'arômes, d'une communication odorante, d'un dialecte d'écorce. L'arbre lève ses branches vers le soleil, témoigne sa ferveur à la lumière. Il sous-traite la mobilité au règne animal pour se reproduire à distance, à l'écart des fatales concurrences.
Le film excite une convoitise. L'arbre est désir de connaissance. Il y a dix ans, Francis Hallé a rédigé un gros bouquin savant. C'est un beau plaidoyer, un mémoire à sa gloire, qu'il faut lire le doigt sur chaque mot.
L'arbre jouit d'une majesté. Il dispose d'une sorte d'éternité qui assied sa souveraineté. Hallé est le Champollion désigné des modes d'expression de la canopée. Le vieil homme est au commencement d'un savoir, applique la raison à de nouveaux territoires.

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