samedi 17 janvier 2015

Fils de grand Charles

Je sors du métro. Je viens d'Orly. J'arrive de Palerme. J'ai choisi l'exil de Sicile. J'ai observé la France à distance.
La révolte de rue s'est nourrie de mots distordus. On a chanté La Marseillaise dans un haut lieu de prière. La laïcité s'est désacralisée. Une reine, un roi furent les compagnons de marche de la République. Marianne ne discrimine pas les monarques.
Les "même pas peur" de cortège aimèrent la police de gaieté de coeur. Le songe de bravoure est un mensonge qui s'ignore. La manchette de Charlie annonçait la couleur, de manière ostentatoire et guillerette: "journal irresponsable". Le devoir d'irresponsabilité a été respecté à la lettre. Au prix du sang.
Un chef de gouvernement, sanglé dans un imper à épaulettes, s'est décoiffé devant le peuple. Qu'est-ce au juste que "la hauteur de l'histoire" d'un peuple ? La martiale formulation du contentement de soi ? L'autosatisfaction, promue au rang des valeurs républicaines, ne grandit pas la nation souveraine.
Charlie vient de Charles. Le journal naquit en novembre de la mort de Charles de Gaulle. Je suis Charlie, fils de grand Charles.
La solidarité de foule masque un individuel sentiment de supériorité. Les marcheurs de la République s'étonnent à mots couverts de la bonté d'âme de leurs voisins de cortège. La marche silencieuse oscille entre une course à la bien-pensance et un palmarès de la résistance. La liberté d'expression souffre d'exceptions. Elle est couturée, raturée, caricaturée de partout.

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