jeudi 22 janvier 2015

Sa couleur d'aurore

Avec le temps, les mots se désossent d'un sens. J'hésite sur ce qu'ils désignent. Je bute sur l'exact. Je heurte une signification comme doute un percheron sur un méchant goudron. Je me cogne au mot, me rencogne penaud.
Je suis dans les parages d'un âge où se compliquent les lignes d'une page. L'expression exige l'Orient, réclame quoi dire, à défaut de comment.
Pour un oui ou pour un non, je cède à l'interrogation. Je questionne l'identité des mes vieilles complicités. Je ne vois pas l'ami dans la nuit. Je ne saisis que la fantaisie du mot écrit, son corps sonore, une musicalité crayonnée, une clameur intérieure, sa couleur d'aurore.
Il y a tromperie sur la personne. J'ai raté la route. Mais pas le faste d'un rite, d'une voix royale. Flaubert empoigne un couteau, réfléchit au coloris, barbouille de jaune sa morne dame de Normandie. Gracq évoque la couleur de prune du mot terminus.

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