vendredi 23 janvier 2015

Un velouté de châtaignes

D'une rue lugubre, engoncée dans l'étroite obscurité, se dessine une vitrine où rougeoient les plaisirs. Le défunt Serge choquait jadis un calice, à sa table adossé, parmi les ors, tentures et boiseries, au bruit des fourchettes d'une mini-Fenice de la gastronomie, d'un théâtre de poupée où s'accouder entre amis.
Au droit sommelier, j'appris que le dîneur solitaire ne s'était pas réveillé, un jour d'hiver d'un autre hier.
Nos invités se sont glissés dans la peau du souvenir, ont endossé l'habit de cordialité, accordé leurs soucis au décor de comédie.
Le risotto secoua d'un rire innombrable le beau cristal de Murano. Ma cuiller crissa dans l'écuelle. Jusqu'à ce que la faïence saigne, j'aurais égoutté sans faillir l'exquise petite flaque du velouté de châtaignes.

Aucun commentaire: