mardi 27 janvier 2015

Un continent sans émotion

L'Europe se confectionne sans affection. Les étoiles de son drapeau n'éclairent pas ses peuples nationaux. L'Europe septentrionale, bonne élève et protestante, se lasse d'un pourtour méditerranéen, catholique ou orthodoxe, infantile et charmeur.
L'Europe est fracturée, en plein malaise, comme l'école républicaine française, aujourd'hui dénaturée. L'aristocratie d'un lycée de beaux quartiers cohabite avec la gueuserie d'un bric-à-brac scolaire de banlieue. Pareille disparité satisfait le goût de la diversité, pas l'exigence d'égalité.
La péréquation des déficits est un mythe qui discrédite la brave Union. L'Europe ne fait pas de sentiment, mais des fonctionnaires et des règlements. Telle la grande marche urbaine de janvier, l'Europe s'honorerait à cheminer de République à Nation. Dans la foule de Paris, s'agitaient les fanions des pays, pas le chiffon étoilé d'un continent sans émotion.
On aime sa communauté de naissance, la nation, ou sa terre d'élection, la même nation à défaut de son étymologie. Cet amour quasi charnel fonde un lien social durable.
En revanche, le méchant slogan "Je suis fier d'être Français", bêlé par Valls, est entaché d'une étroitesse d'esprit, d'un nationalisme obtus. La fierté d'appartenance relève d'un détestable contentement de soi. C'est une identité de quatre sous.

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