lundi 19 janvier 2015

L'atmosphère de Palerme

Porta Carini, on dégringole une ruelle cabossée, on frôle les étals à portée des cageots, on se suffit du sourire des mandarinetti. La mandarine cerise anime les marchés de Sicile. Leurs seules couleurs éconduisent le prurit d'humeur grise.
Les robustes dalles sont taillées dans un soleil inexact. Les carciofi ont des petites gueules mal réveillées d'enfants fauves. Le ciel est un collage des drapeaux d'Israël. Une lumière d'été donne à janvier sa fringante ardeur.
Sur un goudron délavé, Colonna Rota, le temps disperse ses cendres, couleur de plumes de pigeon. Les chapelles sont bariolées des histoires du ciel. Elles sont quadrillées de confessionnaux maniéristes où s'agenouillent de dos de très jeunes filles recueillies. Ces lieux de pierres sont vides à la prière.
Sala Palmetta, les nappes jettent leur drapé sur le marbre des dalles. Je romps le pain, vide une flûte de prosecco. Au milieu du hall, le buste de Wagner fixe un horaire qui brinquebale. Il séjourna à l'hôtel, de novembre à février, le temps d'écrire une musique d'opéra.
Je n'ai pas touché au Raymond Roussel, muet sur ma table de chevet. Je n'ai ressenti ni l'odeur de suicide ni l'emphase de Parsifal. L'atmosphère de Palerme est teintée d'un joyeux mystère.

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