mercredi 11 janvier 2012

Bonnefoy, mauvaise fée

Le poème est affiché. Il est projeté contre le mur. Haut les mots ! Il est sommé d'avouer, d'éventer un secret, de confesser un péché. Colt sur la tempe.
La vaste cloison est table de dissection. Baudelaire est soumis à la question. Bonnefoy, mauvaise fée, n'a pas froid aux yeux. La voix tonne dans sa loi monotone. Le poète s'absente en terre d'exégèse, à sens de conférence.
"Pourquoi Baudelaire ?" Thème de séminaire. Bonnefoy, commentateur et "pourquoiteur" des Fleurs du mal. Au grand amphi du Collège des érudits.
Le poème se suffit à lui-même. Dissuade le haché menu de l'analyse la plus crue. La voix de rocaille du docte vieillard progresse en ses feuillets, à cadence de piolet. J'aime son mot de "ressaisissement" qui scande la montée patiemment. "Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses". La langue de Baudelaire résiste au tortionnaire.

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