vendredi 13 janvier 2012

Figure

Aucune parade possible au nez-à-nez impromptu. Il gesticule dans la rue. Il est sorti de l'hôtel Bristol. Il détale. Ses gestes bafouillent, s'escriment à se défaire du temps, le grand rival. La marionnette chauve est vêtue de bleu. Elle m'enseigna jadis l'économie.
"Tous mes voeux !", d'une voix expéditive, en guise de bon débarras. "Bonjour Jean-Hervé !". Politesse vitesse grand v.
Dans l'heure qui suit, la galerie Schmidt raconte un autre récit. La peinture confesse en silence ses ouailles en détresse. Dès le hall, Rouault fait la peau des visages pâles. C'est une toile de tigre, une bombe à fragmentation, la grenade picturale d'un grand malade. Il balance son "Clown blessé" dans la figure du premier entrant.
Rouault bondit, se rit de la bondieuserie. L'idiot de Rouault rougeoie comme un Christ en joie. La toile tire sur tout ce qui bouge. Eclate l'écarlate du fer rouge de l'enfer. La peinture à striures de Rouault voisine dans les parages totémiques de Basquiat. Vue sur la rue d'après Rouault. Vitrine venimeuse. Staël exhibe sa griffe au soleil. Sourire de prostituée et bruit de bracelets dans la peinture sacrée. "Figure, 1953": deux millions et demi. Staël n'embrasse pas.

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